Voici NGC6960, autrement appelée la "nébuleuse du balai de la sorcière".
Il s'agit en fait d'une partie des "Dentelles du Cygne" et plus précisément de la "Petite Dentelle". Les restes d'une étoile ayant explosée et qui éparpille son matériau dans l'espace. On parle du groupe des dentelles car l'ensemble est vaste mais surtout morcelé. Il s'agit donc ici, d'une de ses sections.
Voici une carte la repérer :
Considérant qu'entre dans le champ une étoile évidente au télescope (52 Cygni), qui forme un triangle avec Epsilon et zêta du cygne, pointer l'endroit n'est pas compliqué en soi. Cela dit, sous un ciel pollué de lampadaires, quelque chose peut dérouter. En effet, une fois sur place, nulle nébuleuse ! Je m'y reprends, mais non non, je suis bien au bon endroit.
Une seule solution : les filtres ! En astronomie amateur nous disposons d'outils pour nous aider à améliorer les contrastes, la perception des détails. Particulièrement quand nous sommes exposés à la pollution lumineuse. Je décide donc d'ajouter à mon oculaire, un filtre. Je teste un "CLS" (contre la pollution lumineuse) puis n UHC (qui augmente le contraste). Miracle : La nébuleuse apparait !
L'UHC se révèlera être un peu plus efficace. Après avoir essayé plusieurs grossissements et étant dans l'impossibilité matérielle de prendre un oculaire moins grossissant, je m'arrête sur l'association de mon oculaire de 15 mm Super grand-angle et du filtre en question. Concrètement il s'agit d'un petit disque de verre à visser sous son oculaire :
Très faible, à la limite du visible, je sens de suite que mon éclairage en lumière rouge aura tout intérêt à être subtil pour ne pas perdre de vue la belle nébuleuse. Nous nous éclairons de nuit, avec une lumière rouge, pour ne pas nous "éblouir" et perdre en acuité visuelle. Aller et venir entre la feuille et l'oculaire ne va pas être des plus aisé ce soir. La blancheur du papier va suffire à atténuer les volutes d'NGC6960. Mais on y arrive. Je suis heureux d'avoir soigné ma mise en température et la collimation du télescope en début de soirée! Il faut être au top niveau matériel pour pouvoir profiter du spectacle. Sans ça : rideau assuré !
Malgré tout, la nébuleuse m'apparaît incomplète. Mon ciel est trop clair, il ne m'est permis de voir que la portion de queue. L'objet est étiré, se termine joliment en pointe. Les bords sont très diffus et se perdent dans l'obscurité. A l'approche de l'étoile principale sur le haut du dessin, la nébuleuse s'atténue jusqu'à disparaitre. Je prend le temps de marquer des pauses, à observer le ciel à l'œil nu, pour être sûr de retrouver toutes mes "capacités visuelles". Je reprends les crayons, la nébuleuse redevient plus franche.
Quel spectacle encore une fois ! Je me sens privilégié à nouveau de voir ça, pendant que nombre de mes congénères dorment. Cet objet, à 1400 années-lumière de la Terre, flotte dans l'espace. Tellement loin de nos préoccupations absurdes d'être humains, je la sens sereine, et éternelle. Tout comme j'aimerais que cette soirée reste. Ce soir il fait un peu frais, mais c'est supportable. Et je suis près à faire l'effort tant cet été 2021 aura été mauvais. Après un bon moment à étirer le graphite à coups d'estompes et de crayons, voici le résultat. D'abord le dessin d'origine, puis la version numérique, inversée et finalisée.
Vue rapprochée et retouchée numériquement :
Comments