C'est ça aussi l’astronomie : Des périodes de jachère. Ciel encombré, indisponibilité personnelle, pour x raisons l'astronome ne peut pas pratiquer, le dessinateur ne peut pas esquisser... Mais il y aura une autre raison plus obscure celle-ci.
On dit dans le milieu que l'achat d'un nouvel instrument provoque systématiquement un ciel encombré pour un moment, nous empêchant de profiter de notre nouvel achat. Sous couvert d'humour bien évidemment, il s'avère quand même que ce maudit ciel noir d'encre tend à disparaître à chaque fois que c'est le cas! Et oui, nous y prêtons plus attention sans doute.
Un ami voulait se lancer lui aussi et c'est ensemble que nous sommes allés chercher un Dobson 200 il y a quelques semaines pour ne pas dire mois. Depuis? Rideau! Terminé balzac! Merci M'sieur 'Dames ! Maudite malédiction!
Cela dit, pour ce qui semble être une première fois, l'ami en question à pu observer seul la Lune. Il me décrit l'impression qu'il ressent à l'observation de notre satellite et je cite : "Mais quelle sensation! C'est incroyable de voir ça aussi propre, d'aussi près! Une sensation bizarre entre la peur et l'angoisse... Un monde si vide, si proche..."
C'est cette réponse qui m'a poussé à l'écriture aujourd'hui, car oui, je n'avais jamais songé à la lune en ces termes. Ayant toujours en tête le sol foulé par d'autres être humains, ayant toujours en pensée ces années folles de la fin 60 et début 70. Ayant toujours vu la Lune comme une terre, certes aride, mais représentant aussi le matériaux originel et fondamental de notre paradis, ici, sur terre. Dès lors comment voir ces terres grises comme effrayantes?
Pourtant, me reviennent en tête les propos des astronautes d'Apollo : "Magnifique désolation" (Buzz Aldrin, 1969) mais aussi ceux de Tintin dix-sept ans plus tôt : «C’est ... comment vous le décrire ? un paysage de cauchemar, un paysage de mort, effrayant de désolation. Pas un arbre, pas une fleur, pas un brin d’herbe. Pas un oiseau, pas un bruit pas un nuage. Dans le ciel, d’un noir d’encre, il y a des milliers d’étoiles.., mais immobiles, glacées, sans le scintillement qui, de la Terre, nous les fait paraître si vivantes.» (Tintin, Hergé, "On a marché sur la Lune", 1953). C'est la toute la dualité de l'astre Sélène.
Car oui, le constater c'est se rendre compte du paradis qu'est notre Terre. Une vie foisonnante, grouillante de diversités, de saisons changeantes, de mouvements, de lumière, d'eau, de vie! A l’échelle de l'univers la Lune et la Terre ne sont même pas dissociables, si proches sont elles! Peut on seulement parler d'une distance entre elles? Un saut de puce pourtant défi technologique pour nous autres humains. Un contraste si fort en si peu de matière et d'espace. Comment est-ce seulement possible?
Si hypothétique créateur il y avait, ne serait-ce pas là la plus belle manière de nous montrer que oui, c’est bien une chance, un privilège que d'être seulement vivant. Qu'il n'y a rien à attendre d'un avant, d'un après. Que seul compte l'instant présent? Que par la Lune il nous rappelle la présence potentielle de l'absolu néant? De ce qu'aurait pu être la Terre? Et qu'il est chaque jour grand temps d'apprécier le plus beau des cadeaux :
La vie.
Je vous laisse méditer la prochaine fois que vous la verrez...
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